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Il m'a fallu du temps pour accepter mon homosexualité. J'avais alors 35 ans, j'étais marié, des enfants. Ce n'est pas une situation simple... J'ai fait des rencontres, je me suis documenté, pour comprendre ce qui m'arrivait... Echanger avec des personnes dans ma situation. Comprendre comment j'ai pu me cacher la vérité à ce point pendant toutes ces années? Alors que je connaissais mes désirs, que j'avais tous les éléments pour comprendre qui j'étais. J'ai rassemblé ici témoignages, références, réflexions, poèmes... Si ça peut être utile..
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Bonne lecture ...
Cyrille
Pour m'écrire / témoigner:
cyrille (escargot) un-chemin-d-acceptation-de-soi.com ou formulaire de contact
"Il est préférable d'affronter une fois dans sa vie un danger que l'on craint que de vivre dans le soin éternel de l'éviter."
Marquis de Sade
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Je viens aujourd'hui vous parler d'un blog original et qui fait écho en moi.
Prêtre et gay, le Père Jonathan nous livre ses réflexions, sa vie en toute humanité.
Le récit de son chemin vers l'acceptation de ses désirs (à lire dans le jour G) m'a particulièrement touché. J'ai moi-même refusé d'être "comme ça" pendant si longtemps... Jonathan, comme cette prière "Seigneur, je ne veux pas être gay!", résonne en moi :
Peu à peu ma prière monte, de plus en plus forte, de plus en plus violente, pour crier au Seigneur : "Seigneur, je ne veux pas être gay." Et en criant de plus en plus, je m'enfonce dans le silence de Dieu, dans cette nuit dont l'obscurité était tangible, envahissante. Jusqu'au moment, où après un silence gigantesque, ou plutôt plongé dans ce néant noir et profond, je murmure :"je suis gay." Et je trouve la paix.
Il faut que je vous dise qu'ado, j'ai pensé à devenir prêtre. Une façon certainement pour moi de m'imaginer un avenir socialement acceptable sans femme. Par ailleurs, à l'époque, très croyant, j'ai usé une énergie folle à essayer (en vain!) de ne plus me masturber (j'avais compris que ça ne plaisait pas à Dieu). Aussi, j'ai lu avec plaisir l'article Je me masturbe et sans scrupules .
8h Je dépose les enfants à l'école. Je ne me sens pas bien ce matin. Je prends la route pour aller bosser.
8h40 Je vais bientôt arriver au boulot, mais je n'en peux plus. Trop de soucis pour écouter ceux des autres aujourd'hui. Marre de me forcer. Je me gare dans une petite rue. J'appelle ma chef. Je fais demi-tour et, perpendiculaire à la route, je vois les voitures qui passent. Les gens se retournent, me regardent de façon insistante. Je prends rendez-vous chez le médecin. Qu'est-ce que je vais lui dire?
Il y a la queue au feu et, dans les voitures, les hommes se ressemblent tous. Ils se retournent sur moi. Deux fois. J'y ressens la terrible contrainte sociale:
_ Je sais, je vais pas bosser aujourd'hui, ma voiture est arrêtée, j'ai quitté le flux, je sais !
J'entends ma mère:
_ C'est facile de tomber, beaucoup plus difficile de se relever!
J'en ai vu à Paris ce week-end, des hommes assis dans le froid, une couverture sur les épaules. Leur odeur de clochards... C'est vite fait, de tomber, disait-elle ...
Je reprends la route pour rentrer chez moi. Je ne peux tourner à gauche; la file qui attend au feu et dans laquelle je dois m'insérer est interminable. J'allais me résigner à prendre à droite, quand un automobiliste me laisse passer. En fait, c'est pour ça qu'ils me regardaient tous. Ils se demandaient si j'attendais pour passer. Je fais le signe indien pour dire merci. Je m'en vais prendre soin de moi.
J'avais la vingtaine, je venais de me marier, et, voulant donner mon sang, je réponds aux questions de l'infirmière:
"_ Avez vous eu des rapports homosexuels?"
Et là je réponds, sûr de moi: "_ Je suis marié."
Et elle "_ Ca ne veut rien dire."
Ca m'a tellement déstabilisé! C'était tellement important pour moi à l'époque que "être marié" veuille dire "être à l'abri de ce genre de suspicion." Bon, j'ai répondu "Non" ce qui était vrai et j'ai avalé une énorme boule dans ma gorge. Je l'ai déposée, quelque temps plus tard, au creux de l'épaule de mon premier amant. Et je n'ai plus pu donner mon sang.
de la même veine , vous pouvez lire: | |
souvenirs (je savais) | le baiser du vampire |
Ne pas montrer qu'on ne va pas bien, tenir bon, donner le change, ne pas s'écouter... Toute l'éducation que j'ai reçue! J'ai longtemps cru que c'était une force (comparé à ceux qui multiplient les arrêts de travail pour "dépression", maladie qui n'existe pas dans les pays pauvres se plaisait à répéter ma mère, preuve que, n'est-ce-pas, quand on n'a pas le choix...). Aujourd'hui je me dis que quand on a cette capacité à "tenir bon même quand on va mal", on souffre juste plus longtemps que les autres...