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Il m'a fallu du temps pour accepter mon homosexualité. J'avais alors 35 ans, j'étais marié, des enfants. Ce n'est pas une situation simple... J'ai fait des rencontres, je me suis documenté, pour comprendre ce qui m'arrivait... Echanger avec des personnes dans ma situation. Comprendre comment j'ai pu me cacher la vérité à ce point pendant toutes ces années? Alors que je connaissais mes désirs, que j'avais tous les éléments pour comprendre qui j'étais. J'ai rassemblé ici témoignages, références, réflexions, poèmes... Si ça peut être utile..
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Bonne lecture ...
Cyrille
Pour m'écrire / témoigner:
cyrille (escargot) un-chemin-d-acceptation-de-soi.com ou formulaire de contact
"Il est préférable d'affronter une fois dans sa vie un danger que l'on craint que de vivre dans le soin éternel de l'éviter."
Marquis de Sade
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Bonjour CyriIIe,
Elle était vraiment réussie cette petite fête pour tes 20 ans. Tu as fini torse-nu sur la piste de danse au petit matin, heureux de te montrer à moitié à poil, toi si pudique habituellement. Oser, tout un programme... Je n'ai pas oublié, tu vois... Moi? Ne me demande pas comment c'est possible, mais je suis toi, j'ai 42 ans et je t'écris. Oui, un jour tu auras 42 ans, et, contrairement à ce que tu penses, c'est pas la mort!
J'hésite à te dire des choses sur ton avenir: il ne faut pas rompre le continuum espace-temps! Mais il y a une chose que tu apprendras en 20 ans: savoir prendre des risques. Alors, il y a trois trucs que je veux te dire Cyrille: d'abord, te dire que tu es PD. Tu le sais d'ailleurs. Si tu pouvais juste ne pas faire comme si tu ne le savais pas... Autre chose: avoir des enfants, c'est ce qui rend le plus heureux au monde. Enfin, essayer d'être authentique, c'est pour ça que je vis aujourd'hui.
Je pense souvent à toi tu sais: révolté, avide de la vie, soucieux du temps qui passe...
J'ai souvent fait mes choix en pensant à toi: ton désir de vivre à 100%, l'importance que tu donnes à l'amitié, ton souci des autres, ta recherche d'authenticité, déjà... Ton envie d'être en amour avec un mec!
Je pense que tu peux être fier de toi, aujourd'hui ...
Avoir 42 ans, c'est pas la mort, surtout si on réalise les rêves qu'on avait à 20 ans ...
Et vous, si vous vous écriviez ?
On pense qu'on a fait le tour de la douleur. Que, cette fois, c'est passé. Le temps du choix est derrière nous, on va de l'avant, sans regarder en arrière. Non. Non. Mais ça vous saisit comme une tristesse.
La vérité c'est que je ne sais pas plus qu'avant ce que je dois faire. La seule différence, c'est que maintenant que nous avons annoncé notre séparation aux enfants, l'inertie a changé de camp. Maintenant, me laisser porter par le courant (comme je sais si bien faire), c'est partir. Un courant bien salé ce soir. Je laisse ici une partie de moi, morte, je l'ai tuée.
J'ai fermé mon dernier carton.
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"Ne faisons pas les hypocrites, quand on prononce le mot désir, chacun pense au sexe et au fait de faire l'amour. Certes, ce qui tend à s'user le plus vite, c'est l'obsession répétitive d'un besoin érotique qui ne serait que génital. Mais l'état amoureux s'épuise-t-il? Je ne pense pas. On peut même y vivre en permanence. C'est un état absolument incarné, qui prend clairement sa source dans mon sexe. Il s'agit bien de désir sexuel. Mais je peux vivre ça “en soi”, sans que cela se transforme forcément en acte sexuel à chaque fois.
La plupart des gens s'imaginent que nous ne pensons qu'avec la partie supérieure de notre corps et que le bas ne saurait être le siège que de pulsions animales. Ce n'est pas vrai. Nous pensons avec tout notre corps et je me demande même si les pensées les plus intéressantes ne nous viennent pas de nos entrailles et de notre sexe. Alors qu'à partir de cette sensation qui me monte de l'entrejambe, ma vie entière peut se trouver revivifiée. Cela me fait voir les feuilles des arbres plus vertes et la tête des gens plus humaine - et plus digne de respect! Quoi de plus normal, d'ailleurs: ne sommes-nous pas nés d'un désir d'entrejambe? N'est-ce pas notre identité de départ?"
Henri GOUGAUD
Ma mère a décidé de m'offrir un bouquin pour m'aider à élever mes ados. Merci maman, mais s'il y a une personne des mains de laquelle je n'ai pas envie de recevoir ce genre de livre, c'est bien toi... Bref, ma mauvaise humeur passée, je feuillette le bouquin. Je cherche dans l'index devinez quoi, "homosexualité". Avec l'idée, si ce qui est dit est intelligent, de le renvoyer dans les dents de l'auteure de mes jours, histoire de lui dire: "Voici ce que tu aurais pu faire avec moi..." Mal m'en a pris. Sur un bouquin de 230 pages consacrées à l'adolescence, il y a à peine deux paragraphes sur l'homosexualité.
1er § intitulé en fuite de l'autre sexe, déjà, on voit que l'auteur a tout compris...
"Certains adolescents qui se confrontent à une déception trop forte lors de leur première relation amoureuse peuvent s'orienter, en réponse, vers l'homosexualité." Remarque: Bien sûr, si on est homo, c'est parce qu'on est dégoûté de l'autre sexe, ça peut pas être juste l'attirance pour "le même sexe que soi". Pour Monsieur Philippe Jeammet, c'est tellement pas normal d'aimer les personnes du même sexe que soi que l'explication la plus raisonnable, c'est d'avoir été (malencontreusement) déçu de la sexualité "normale".
Le 2ème passage où il est question du désir homosexuel chez l'adolescent insiste, comme il se doit, sur le fait que "l'homosexualité s'installe rarement à l'adolescence", que ces pulsions sont ponctuelles et que la parole de l'adulte doit aider l'ado à ne pas "se figer" dans une orientation sexuelle (déviante?). Remarque: en effet, le désir homosexuel peut être chez l'ado qui se cherche quelque chose de passager. Mais je trouve choquant que l'ado qui prend son courage à deux mains pour dire qui il est à ses parents, s'entende répondre: "ça te passera."