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Il m'a fallu du temps pour accepter mon homosexualité. J'avais alors 35 ans, j'étais marié, des enfants. Ce n'est pas une situation simple... J'ai fait des rencontres, je me suis documenté, pour comprendre ce qui m'arrivait... Echanger avec des personnes dans ma situation. Comprendre comment j'ai pu me cacher la vérité à ce point pendant toutes ces années? Alors que je connaissais mes désirs, que j'avais tous les éléments pour comprendre qui j'étais. J'ai rassemblé ici témoignages, références, réflexions, poèmes... Si ça peut être utile..
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Bonne lecture ...
Cyrille
Pour m'écrire / témoigner:
cyrille (escargot) un-chemin-d-acceptation-de-soi.com ou formulaire de contact
"Il est préférable d'affronter une fois dans sa vie un danger que l'on craint que de vivre dans le soin éternel de l'éviter."
Marquis de Sade
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"Des hommes et des femmes changent plus ou moins brutalement de vie alors qu'ils sont mariés, ont des enfants et semblent installés dans une totale "normalité". Ils semblent "devenir homosexuels". Il s'agit naturellement d'une révolution absolue. Comment vit-on cette révolution? Surtout, pourquoi s'impose-t-on l'épreuve que représente un tel bouleversement pour soi et pour l'entourage? Et pourquoi ne pas avoir vécu cette métamorphose plus tôt?"
Emmanuel Ménard, Parler d'homosexualité
Philippe, 48 ans, gay, sortie du placard après 20 ans de vie hétérosexuelle, papa de deux filles de 17 et 14 ans
Que je me souvienne depuis ma plus tendre enfance, j'ai toujours eu une féminité prononcée. Je jouais à la dînette, à la poupée, à la maitresse. J'avais une préférence pour les activités dites "féminines": la cuisine, les tâches ménagères, le tricot, le canevas.
Mes parents ont bien essayé de m'inscrire à un club de foot, mais sur le terrain je m'esquivais de peur de prendre un ballon sur la figure.
Ecole primaire la maîtresse demande "c'est quoi tes initiales?" et moi inocemment je réponds "PD" c'est la rigolade générale sans savoir pourquoi?
Pour correspondre aux diktats de la société, de la famille et parce qu'il était important pour moi d'être père, je me marie à une femme. Deux adorables filles de l'amour naissent. Bien qu'assumant pleinement mon rôle de mari et de père, le naturel revient au galop.
2015 sera une année charnière. Après avoir exercé pendant près de 15 ans le métier de comptable je me reconvertis dans un métier plus empathique de coach auquel j'associerai ensuite la spécialité d'hypnose. Ces formations vont me permettre de faire émerger tout ce qui est caché au plus profond de moi et notamment mon homosexualité, que j'ai refoulée pendant toutes ces années.
2018 l'hypnose, le travail sur la masculinité et la place de l'homme, une rencontre, feront tout basculer et me conduiront à me regarder en face jusqu'à révéler mon orientation sexuelle. Tout d'abord à ma femme, puis à mes filles enfin à ma famille et à mon entourage.
Trois ans après , tout n'est pas rose mais en voie de stabilisation. Malgré cela aucun regret. Même si ceci a entraîné des dommages collatéraux, des incompréhensions, des pertes, aujourd'hui je suis en paix, libre de vivre heureux en accord avec moi-même.
Tout est possible: "Un voyage de mille lieues commence par un premier pas" Lao Tseu
Je suis collégien quand cela commence. Une fois, alors que je suis à la piscine, je suis troublé en voyant un camarade avoir déjà des poils sur le torse. Le jeudi, en sport, je me sens tout bizarre, tout chaud, parmi les copains qui se déshabillent dans le vestiaire. Je suis attiré par les hommes. Je sais que ce n'est pas normal. Alors, comme cela ne se voit pas, je fais ''comme si de rien n'était". J'ai tellement honte de ce que je ressens que je me dis: ''personne ne doit le savoir''.
Pourquoi j'ai fait comme si j'étais comme les autres? Ce n'est pas une décision que j'ai prise. Je n'ai pas "pesé le pour et le contre". Regarder les filles avec les copains, c'était naturel, cela allait de soi, c'est ce qu'on attendait de moi. D'ailleurs, je ne me disais pas "je suis homosexuel". Le mot me faisait bien trop peur. C'était juste trop dur de me dire que j'étais comme ça. Trop dur de le dire, de faire tant de peine à mes parents, de supporter le regard des autres... Je ne voulais pas être différent des copains. Finalement, je me suis mis à jouer un rôle et à y croire. On finit par croire vraiment à ses propres mensonges, j'imagine que notre cerveau fonctionne comme cela. J'avais conscience d'avoir des fantasmes homosexuels et cela ne m'empêchait pas de me considérer comme hétéro.
Ainsi, plus tard, j'ai rencontré une femme, nous sommes tombés amoureux l'un de l'autre. Vraiment. Et nous avons eu des enfants qui sont ce que nous avons de plus précieux.
Et puis, un jour, j'ai 35 ans, je monte sur Paris et dans la rue, devant moi, deux hommes, deux amoureux, marchent main dans la main et c'est un choc. Tous mes désirs enfouis me reviennent d'un coup en pleine face. En les voyant heureux, spontanément, je me dis ''c'est ça que je veux, c'est ça dont j'ai envie''. D'un coup je prends conscience que ça fait 20 ans que j'ai honte de moi, 20 ans que j'ai peur d'être découvert. Je prends consience de la violence que c'est. Comment peut-on vivre dans la peur? Comment peut-on s'habituer à avoir honte de soi? Je ne veux plus avoir honte de moi, et je commence à rêver de vivre avec un homme, au grand jour...
Je vis à 35 ans ce que beaucoup vivent entre 15 et 25. La prise de conscience de qui on est, la recherche d'infos sur internet, la prise de contact avec ceux qui sont comme soi. Le forum et-alors.net est pour moi un lieu merveilleux de rencontres avec d'autres personnes qui se posent des questions sur leur orientation sexuelle. Au départ, je me dis: ''je me suis marié, j'ai été heureux avec une femme, je ne suis pas gay''. Et puis je me rends compte que, sur le forum, les gars qui se disent gay, sont passés par une période où ils se considéraient comme hétéro. Entre ''ressentir des désirs homosexuels'' et dire ''je suis gay'', il y a tout un travail d'acceptation! C'est une aventure douloureuse car il faut faire le deuil de l'hétéro qu'on pensait être. Accepter de prendre sur soi tout ce qu'on a intériorisé de négatif sur les homosexuels. Et puis, au fur et à mesure des lectures, des rencontres, je comprends que je ne suis pas moins bien que les autres. Surtout, je suis passé de ''je suis différent des autres'' à ''je suis comme ceux-là qui sont comme moi''. Je crois à la nécessité pour les homos d'un temps où ils se retrouvent ''entre eux'' pour apprendre à ne plus avoir honte de soi. Alors, finalement, ce n'est pas désagréable de se dire qu'on a un truc de différent. Et puis, c'est une certaine fierté de réussir à s'accepter différent. Et que de belles rencontres cela m'a donné l'occasion de faire! On a même créé un forum sur internet pour permettre aux ''ex-hétéros'' de se trouver et se soutenir.
Se soutenir, car nos situations sont compliquées. Mon drame: je suis marié à une femme que j'aime et avec laquelle je m'entends merveilleusement bien. Mais je suis arrivé à un point de non-retour. Impossible de revenir en arrière. Je sais que je suis gay: pas bisexuel, gay. Je sais que si je reste avec ma femme, j'aurais toujours l'impression d'avoir mené la vie d'un autre. Si je reste avec ma femme, à la fin de ma vie, je me dirai que je suis passé à côté de quelque chose d'essentiel: mener une vie authentique et en conformité avec qui je suis. Alors viennent d'autres deuils, douloureux mais nécessaires. On m'a dit ''tu es en train de briser ta famille pour du sexe!'', j'ai culpabilisé à mort mais je me suis donné le droit de vivre une vie qui me corresponde. Car il ne s'agit pas de sexe, il s'agit d'être moi-même. J'ai essayé que cela se passe au mieux pour ma femme et mes enfants. Mes enfants, j'avais envie qu'ils sachent qui je suis et, aussi, leur offrir l'exemple d'une personne qui accepte sa différence.
Aujourd'hui, je vis avec l'homme que j'aime et je suis heureux. Heureux comme ne le sont que ceux qui ont mis longtemps à se trouver...
Article paru initialement sur le Huffpost
illustrations: Damien GORISSE
Une voix au fond de moi:
"Ne le dis à personne
Tais-toi. Garde ça pour toi
T'as pas envie qu'les autres se moquent
C'est intime ça n'est qu'à toi
D'ailleurs nul n'est au courant
chacun son jardin secret
Si tu le dis c'est dégradant
Il faut savoir rester discret
Comme les copains mater les filles
Et faire ce qu'on attend de toi
Tes parents sont fiers que tu te maries
C'est pas compliqué tu vois"
Facile de taire qui on est
Rester vaincu par la honte
Oublier ses rêves et la fierté
D'exister dans ce monde
Une autre voix têtue celle-là
A marre de subir cette violence
De ne pouvoir être moi-même
Veut mettre fin à cette souffrance
Et dire que c'est les hommes que j'aime
Cyrille