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Il m'a fallu du temps pour accepter mon homosexualité. J'avais alors 35 ans, j'étais marié, des enfants. Ce n'est pas une situation simple... J'ai fait des rencontres, je me suis documenté, pour comprendre ce qui m'arrivait... Echanger avec des personnes dans ma situation. Comprendre comment j'ai pu me cacher la vérité à ce point pendant toutes ces années? Alors que je connaissais mes désirs, que j'avais tous les éléments pour comprendre qui j'étais. J'ai rassemblé ici témoignages, références, réflexions, poèmes... Si ça peut être utile...
Je vous propose de commencer par lire quelques mots sur mon parcours
Si le sujet de l'acceptation de sa propre homosexualité vous intéresse, voici deux textes qui m'ont aidé:
Si vous aimez la poésie, c'est ici
Le reste du blog, je vous laisse le découvrir par vous même... Le site est présenté de façon particulière, les touts derniers articles sont là
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Bonne lecture ...
Cyrille
Pour m'écrire / témoigner:
cyrille (escargot) un-chemin-d-acceptation-de-soi.com ou formulaire de contact
"Il est préférable d'affronter une fois dans sa vie un danger que l'on craint que de vivre dans le soin éternel de l'éviter."
Marquis de Sade
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Je suis collégien quand cela commence. Une fois, alors que je suis à la piscine, je suis troublé en voyant un camarade avoir déjà des poils sur le torse. Le jeudi, en sport, je me sens tout bizarre, tout chaud, parmi les copains qui se déshabillent dans le vestiaire. Je suis attiré par les hommes. Je sais que ce n'est pas normal. Alors, comme cela ne se voit pas, je fais ''comme si de rien n'était". J'ai tellement honte de ce que je ressens que je me dis: ''personne ne doit le savoir''.
Pourquoi j'ai fait comme si j'étais comme les autres? Ce n'est pas une décision que j'ai prise. Je n'ai pas "pesé le pour et le contre". Regarder les filles avec les copains, c'était naturel, cela allait de soi, c'est ce qu'on attendait de moi. D'ailleurs, je ne me disais pas "je suis homosexuel". Le mot me faisait bien trop peur. C'était juste trop dur de me dire que j'étais comme ça. Trop dur de le dire, de faire tant de peine à mes parents, de supporter le regard des autres... Je ne voulais pas être différent des copains. Finalement, je me suis mis à jouer un rôle et à y croire. On finit par croire vraiment à ses propres mensonges, j'imagine que notre cerveau fonctionne comme cela. J'avais conscience d'avoir des fantasmes homosexuels et cela ne m'empêchait pas de me considérer comme hétéro.
Ainsi, plus tard, j'ai rencontré une femme, nous sommes tombés amoureux l'un de l'autre. Vraiment. Et nous avons eu des enfants qui sont ce que nous avons de plus précieux.
Et puis, un jour, j'ai 35 ans, je monte sur Paris et dans la rue, devant moi, deux hommes, deux amoureux, marchent main dans la main et c'est un choc. Tous mes désirs enfouis me reviennent d'un coup en pleine face. En les voyant heureux, spontanément, je me dis ''c'est ça que je veux, c'est ça dont j'ai envie''. D'un coup je prends conscience que ça fait 20 ans que j'ai honte de moi, 20 ans que j'ai peur d'être découvert. Je prends consience de la violence que c'est. Comment peut-on vivre dans la peur? Comment peut-on s'habituer à avoir honte de soi? Je ne veux plus avoir honte de moi, et je commence à rêver de vivre avec un homme, au grand jour...
Je vis à 35 ans ce que beaucoup vivent entre 15 et 25. La prise de conscience de qui on est, la recherche d'infos sur internet, la prise de contact avec ceux qui sont comme soi. Le forum et-alors.net est pour moi un lieu merveilleux de rencontres avec d'autres personnes qui se posent des questions sur leur orientation sexuelle. Au départ, je me dis: ''je me suis marié, j'ai été heureux avec une femme, je ne suis pas gay''. Et puis je me rends compte que, sur le forum, les gars qui se disent gay, sont passés par une période où ils se considéraient comme hétéro. Entre ''ressentir des désirs homosexuels'' et dire ''je suis gay'', il y a tout un travail d'acceptation! C'est une aventure douloureuse car il faut faire le deuil de l'hétéro qu'on pensait être. Accepter de prendre sur soi tout ce qu'on a intériorisé de négatif sur les homosexuels. Et puis, au fur et à mesure des lectures, des rencontres, je comprends que je ne suis pas moins bien que les autres. Surtout, je suis passé de ''je suis différent des autres'' à ''je suis comme ceux-là qui sont comme moi''. Je crois à la nécessité pour les homos d'un temps où ils se retrouvent ''entre eux'' pour apprendre à ne plus avoir honte de soi. Alors, finalement, ce n'est pas désagréable de se dire qu'on a un truc de différent. Et puis, c'est une certaine fierté de réussir à s'accepter différent. Et que de belles rencontres cela m'a donné l'occasion de faire! On a même créé un forum sur internet pour permettre aux ''ex-hétéros'' de se trouver et se soutenir.
Se soutenir, car nos situations sont compliquées. Mon drame: je suis marié à une femme que j'aime et avec laquelle je m'entends merveilleusement bien. Mais je suis arrivé à un point de non-retour. Impossible de revenir en arrière. Je sais que je suis gay: pas bisexuel, gay. Je sais que si je reste avec ma femme, j'aurais toujours l'impression d'avoir mené la vie d'un autre. Si je reste avec ma femme, à la fin de ma vie, je me dirai que je suis passé à côté de quelque chose d'essentiel: mener une vie authentique et en conformité avec qui je suis. Alors viennent d'autres deuils, douloureux mais nécessaires. On m'a dit ''tu es en train de briser ta famille pour du sexe!'', j'ai culpabilisé à mort mais je me suis donné le droit de vivre une vie qui me corresponde. Car il ne s'agit pas de sexe, il s'agit d'être moi-même. J'ai essayé que cela se passe au mieux pour ma femme et mes enfants. Mes enfants, j'avais envie qu'ils sachent qui je suis et, aussi, leur offrir l'exemple d'une personne qui accepte sa différence.
Aujourd'hui, je vis avec l'homme que j'aime et je suis heureux. Heureux comme ne le sont que ceux qui ont mis longtemps à se trouver...
Article paru initialement sur le Huffpost
illustrations: Damien GORISSE
J’ai toujours été attiré par les hommes. Longtemps, j’ai considéré ces désirs comme étant de l’ordre du fantasme. Un fantasme secret, et les quolibets entendus ici et là (pd, tapette, fiotte...) m’ont rapidement convaincu de ne le dire à personne. Je me considérais donc comme un hétérosexuel (enfin, disons que je me donnais beaucoup de mal pour être
comme les autres et correspondre à ce que l'on attendait de moi) ayant des fantasmes homos. Ainsi, je me suis marié, j’ai eu des enfants.
Comment cette belle théorie sur moi-même a-t-elle volé en éclats? Je ne sais pas trop. Mais il y a eu une véritable rupture. Une prise de conscience après laquelle je ne pouvais plus revenir en arrière. La prise de conscience que je n'étais pas bisexuel mais homosexuel. Cela n'a pas été le fruit d'une réflexion mais plutôt une évidence qui s'est imposée à moi après un certain nombre d'expériences:
→ Échanger avec d’autres homos et me rendre compte que, mariés ou pas, eux-aussi avaient eu du mal à accepter de se dire "je suis homo". En fait, on naît hétéro; parce que les autres, et soi-même, on se considère par défaut comme hétéro, et on adopte donc un comportement d'hétéro, tant qu'on n'a pas pris conscience de ses désirs, et qu'on n'en a pas tiré les conséquences sur la façon dont on se définit.
→ Me rendre compte à quel point j’avais honte de mes désirs homosexuels, et que pour moi, me dire "mes désirs homo, c'est juste des fantasmes" ou me dire "je suis bi", cela m’évitait surtout de dire "je suis homosexuel".
→ Me rendre compte, enfin, que je préférais, et de loin, et certainement depuis toujours, le sexe avec un mec au sexe avec une femme. Et quand je dis "le sexe", c'est beaucoup trop limitatif, je pense que vous me comprenez (il faudrait parler d'homosensualité).
Certains trouvent critiquable de vouloir absolument "se mettre dans une case" et disent "vivons comme nous le sentons, un point c'est tout". Pour moi, j'éprouve le besoin de savoir qui je suis, et je ne peux pas le faire autrement qu'en utilisant des mots. Réfléchir à mon histoire personnelle, trouver une cohérence, comprendre...
Une anecdote pour commencer:
Je participe à une réunion dans le cadre d'une association de bisexuels. Un mec dans ma situation; marié, mais attiré par les hommes, a cette expression: "Je voudrais qu'il existe une potion à avaler pour ne plus ressentir cette attirance, ces envies." Et moi je me dis "même si cette potion existait, je ne la boirais pas."
Cela me fait réfléchir: mes désirs homosexuels remettent en cause ma relation avec ma femme, la stabilité que je voulais pour mes enfants, et je ne suis pas prêt à boire la potion! Je le comprends alors: mes désirs homosexuels, j'y tiens! Après les avoir tant cachés à moi-même et aux autres, j'ai fini par les accepter. J'ai pris conscience de toute la honte subie. Je suis en colère d'avoir eu tellement honte de moi, de m'être habitué à avoir honte. J'ai si longtemps vécu dans la peur d'être découvert. Mais j'ai finalement réussi à m'accepter, à ne plus avoir honte, à me construire une image de moi positive avec mes désirs homosexuels. Ce chemin parcouru, c'est mon histoire, c'est important pour moi. Essentielle aussi la solidarité que je vis avec mes pairs.
Dans Comprendre l'homosexualité, Marina Castañeda cite Marcel Proust:
"Ce que nous n'avons pas eu à déchiffrer, à éclaircir par notre effort personnel, ce qui était clair avant nous, n'est pas à nous."
Pour moi, être gay, c'est aussi un choix. En tous les cas, un choix de bien le vivre (dans la fierté, pas dans la honte)!
C'est dur de me dire que pour vivre une vie qui me ressemble, pour être authentique, je dois divorcer. Mais je ne peux plus revenir en arrière. Ce besoin de vivre enfin ce que je suis après m'être contraint à être comme les autres est devenu trop fort pour moi.
Faudra-t-il que je ressente ce pincement au coeur, cette impression d'être passé à côté de ma vie à chaque fois que je vois deux mecs se tenir par la main?
Cyrille