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Il m'a fallu du temps pour accepter mon homosexualité. J'avais alors 35 ans, j'étais marié, des enfants. Ce n'est pas une situation simple... J'ai fait des rencontres, je me suis documenté, pour comprendre ce qui m'arrivait... Echanger avec des personnes dans ma situation. Comprendre comment j'ai pu me cacher la vérité à ce point pendant toutes ces années? Alors que je connaissais mes désirs, que j'avais tous les éléments pour comprendre qui j'étais. J'ai rassemblé ici témoignages, références, réflexions, poèmes... Si ça peut être utile..
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Bonne lecture ...
Cyrille
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cyrille (escargot) un-chemin-d-acceptation-de-soi.com ou formulaire de contact
"Il est préférable d'affronter une fois dans sa vie un danger que l'on craint que de vivre dans le soin éternel de l'éviter."
Marquis de Sade
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des textes qui m'ont aidé à me comprendre
Si on ne choisit pas d'être homo, on choisit comment on le vit. J’aime ce passage de Comprendre l'homosexualité de Marina Castañeda:
"L'identité [homosexuelle] implique une convergence de désirs, de sentiments, d'actes et de conscience, qui culminent dans une définition et une acceptation de soi comme homosexuel. Or tous ces éléments ne se manifestent pas en même temps, mais généralement à des époques différentes de la vie. Et ils n’apparaissent pas dans le même ordre: chez une personne peuvent surgir d’abord les actes puis le désir, puis l’amour; chez une autre, l’ordre peut être inversé. Il n’y a pas une suite ni une progression dans le temps qui soit commune à tous les homosexuels. Peut-être devrions-nous parler, plutôt, de différentes phases ou degrés dans l’homosexualité, allant des expériences ou désirs isolés, jusqu’à une relation amoureuse et un style de vie ouvertement homosexuels. Ce n’est que lorsque tous les éléments se rejoignent que nous pouvons parler d’une identité homosexuelle: on ne “devient” vraiment homosexuel que lorsqu’on atteint cette congruence interne.
Aujourd’hui, le terme “gay” se réfère justement à cette cohérence et à cette acceptation de l’homosexualité (Dans cette optique, un homosexuel qui vit dans le secret n’est pas gay, parce que sa vie publique et sa vie privée ne coïncident pas).”
“D’une certaine façon, le fait de dire: “Je suis né comme ça, et je ne peux rien y faire”, simplifie et limite trop un phénomène qui est sans doute bien plus compliqué. Le processus de construction d’une identité homosexuelle est long et difficile; dire en fin de compte que l’on est né comme ça dévalorise le travail que cela implique. C’est comme si on disait, après des années d’études universitaires: “C’est que je suis né intelligent.”
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Je veux partager avec vous quelques extraits de l'article "Honte" du Dictionnaire de l'homophobie (auteur de l'article Sébastien Chauvin, ouvrage réalisé sous la direction de Louis-Georges TIN disponible chez PUF). Vous faire part de cet article qui m'a vraiment permis de comprendre, de donner du sens à ce que j'ai vécu, ressenti. Je vous invite à lire l'article en entier dans l'ouvrage cité (ou sur le site web de Sébastien Chauvin).
"A l'instar d'autres groupes stigmatisés, les gais et les lesbiennes sont à bien des égards, des "enfants de la honte". (...) La honte est un sentiment de vulnérabilité universellement accessible, mais non universellement réparti entre les individus et les catégories d'individus. Nous sommes, en théorie, tous égaux devant la honte, mais dans le monde social réel, certains sont plus "égaux" que d'autres.
La honte est un des mécanismes les plus puissants grâce auxquels l'ordre social nous "tient" et nous maintient sous son emprise, que ce soit en empêchant les "normaux" de s'éloigner du "droit chemin" ou en poussant les "anormaux" à se cacher et à rester invisibles, à ne pas reconnaître leur appartenance à telle ou telle catégorie stigmatisée.
Lors des situations souvent douloureuses au sein desquelles est mobilisé, cyniquement ou inconsciemment, par les autres ou par soi-même, le discrédit social lié à l'homosexualité, la sensation physique de la honte s'exprime par des manifestations corporelles de vulnérabilité et d'impuissance comme le rougissement, les sueurs, les tremblements et le malaise. Par ces manifestations, les corps "disciplinés", subitement envahis par le monde, retraduisent le désir urgent et irrépressible de disparaître de la scène sociale (...) Cette émotion se fait d'autant plus intense et cruelle lorsque, comme c'est bien souvent le cas, se surajoute à la honte la conscience de trahir sa honte à l'extérieur- enclenchant alors une spirale infernale qui décuple la puissance du sentiment premier.
La honte est à la fois totale et réductrice. La vision homophobe réduit l'identité homosexuelle à une orientation purement "sexuelle" et fait du sexuel, pensé en termes de "tendances" et de pulsions plus ou moins associées à l'animalité, l'origine de toutes les actions et de toutes les pensées des gais et des lesbiennes. Leur être tout entier se retrouve identifié à une "pulsion perverse". C'est pourquoi l'homophobie ne les considère pas simplement comme des anormaux, mais en fait aussi et surtout comme des impudiques.
Sentiment d'être réduit à une pulsion, face à une société dans laquelle le "processus de civilisation" tend précisément à refouler l'ordre de l'organique et du pulsionnel dans la sphère de l'intime et du privé, la honte homosexuelle a un rapport privilégié avec le sentiment d'être sale et d'être sale en public, c'est-à-dire dans une situation inappropriée et choquante.
La honte (...) est la manifestation d'une forme "d'allégeance corporelle" des homosexuels à l'idée que ce qui est révélé sur eux (ou ce qui menace de l'être) renvoie à quelque chose de fondamental pour la définition de leur caractère, et que ce "quelque chose" devrait ou aurait dû rester caché. Plus radicalement, la honte extorque au sujet homosexuel la croyance au mythe qu'il y a bien, dans les plis de son corps ou dans les profondeurs de sa conscience, un "quelque chose" à cacher ou à révéler: ce dont précisément il est invité à avoir honte."
Ainsi, si la fierté a encore plus de sens pour les gais et les lesbiennes que pour les Noirs, à qui historiquement ils empruntent le concept, c'est que leur invisibilisation par la honte a été l'un des principaux moyens par lesquels s'est exercé sur eux la domination symbolique. La construction de l'identité "gaie", tant au plan personnel que collectif, travaille précisément à résister à ce mécanisme: la gay pride vise d'abord une réappropriation de l'identité homosexuelle qui renverserait le stigmate en fierté, aussi bien privée que publique, désarmant l'injure initiale en revendiquant "tête haute" l'identité originellement assignée par la société homophobe (...). Une communauté gaie et lesbienne mobilisée sert non seulement de levier aux mobilisations politiques, mais aussi, plus quotidiennement, de refuge protecteur permettant aux homosexuels de se reconstruire à l'écart des hiérarchies dominantes qui, lorsqu'elles sont intériorisées et retournées sur soi, engendrent précisément la honte et la haine de soi.
C'est la honte qui nous constitue, c'est elle encore qui nous rassemble: entrer dans la honte, c'est tout à la fois déjà reconnaître ce que l'on est, qui l'on est, et de qui l'ordre social homophobe nous rend objectivement solidaires, malgré nos réticences initiales.(...) De même que la fierté porte en elle sa généalogie honteuse, la honte, lorsqu’elle est assumée vraiment, lorsqu’on cesse d’avoir "honte d’avoir honte", enferme une sorte de fierté paradoxale. Cette honte orgueilleuse, explique Didier Eribon, pourrait constituer "le point de départ et d’appui d’une réinvention de soi". En nous mettant au monde comme des êtres aliénés ou "assujettis", la "honte gaie" enfermerait donc déjà, comme en négatif, mais déjà plus qu’en négatif, quelque chose comme notre liberté."
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"Quels risques avez-vous pris dans votre vie?" Si vous pensez "aucun", vous avez probablement de quoi vous lamenter. Comment se réjouir en effet d'un parcours où l'on ne s'est jamais exposé, mesuré aux difficultés, à l'inconnu?
Les risques peuvent dessiner une topographie intérieure. Plus on ose les traverser, plus on a de chance de gagner en confiance en soi. "C'est un processus dynamique qui augmente ou régresse suivant ce que nous vivons", conclut Isabelle Filliozat. Entendez: plus vous osez, plus vous gagnez en confiance en vous, et plus vous oserez...
Extrait de "Eloge de l'audace" par Pascale Senk in magazine Psychologies n°250 p142-144
Merci à Nicolas et Hervé
Source image: Pegasus 83
"Connaissez-vous la définition du courage ? C’est le fait d’agir pour ce qu’on pense être juste, en dépit de la peur qui noue l’estomac quand on met en œuvre ce qui doit être mis en œuvre. C’est reconnaître la réalité de la peur face à l’inconnu, sans la nier. C’est accueillir la peur comme une composante incontournable du chemin dans lequel on s'engage."